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Vendredi 9 Mai 2008, 20h30, au Théâtre de la ville,
lors du spectacle de Sankai Juku
.

Buto.

Les corps poudrés, fantomatiques, qui se meuvent en se jouant de l’espace, du temps, et de l’utilisation conventionnelle du geste, me plongent dans un état contemplatif très particulier.

Je me surprends parfois à être bouche bée de fascination sans m’en être rendu compte.
Je vois leurs gestes, je ressens leurs gestes …

… Et parfois, aussi, je m’assoupis un peu …
… je suis encore bien fatigué.

 


Vendredi 9 Mai 2008, 2h du matin, Neuilly,
en accompagnant F. vers son taxi.

Position verticale de survie ?

Il me faut un petit temps pour m’apercevoir que l’homme qui est dans cette cabine téléphonique dort debout, qu’il semble réellement en état de sommeil dans une position verticale.

Je me surprends à penser que je ne savais même pas cela possible.

 


Mercredi 7 Mai 2008.

Coups de crayons.

En essayant de trouver une façon différente de travailler, après une discussion avec M.
Il semble vouloir me dire quelque chose que je n’arrive pas à entendre.

Ici mon crayon vient s’écraser sur la feuille avec une énergie qui mériterait de retrouver pinceaux et grands formats.

Mais que faut-il que je cherche ?

 


Dimanche 4 Mai 2008.

Multiples possibles.

Petit à petit, retrouver ma souplesse pour les rendre, d’un simple geste, à nouveaux accessibles.

 


Mercredi 30 Avril 2008.

Faire place.

Essayer de retrouver le plaisir du silence.

D’être face à soi même …
… De n’être face qu’à soi même.

Ne plus avoir peur du vide.
L’apprivoiser à nouveau.

 


Samedi 26 Avril 2008, (En visitant des volcan d’auvergne).

Membre fantôme.

L’impression qu’où que j’aille, quoi que je fasse, L. est à mes cotés.
Que je n’ai qu’à tourner la tête pour lui faire part de mon regard et mon attention … Et partager.

Mais à sa place, il n’est rien qu’un vide ou se déverse ma frustration.

J’ai encore mal à son absence.
Que ne puis-je l’effacer ?

… Patience …

 


Vendredi 25 Avril 2008, Costette.

Remerciement.

Une semaine en Auvergne, coupé du monde, pour un stage de kung fu.
Rien de tel que les avis éclairés de trois de mes compagnons (et leurs silences parfois), forts de leur expérience (eux qui sont mes aînés), pour me soulager, me recentrer, et me remettre à l’esprit que bientôt je redeviendrais l’acteur de bien des possibles.

 


Mercredi 23 Avril 2008.

Vertige.

Dans mon élan, le sol a manqué de se dérober sous mes pieds.

Il semble qu’il va me falloir songer à envisager une autre voie …

… Mais laissez moi un peu de temps …

 


Samedi 12 Avril 2008, Métro Havre Caumartin.

Une grande ville.

« Maman je suis angoissée … … je n’aime pas Paris » dit une petite fille à sa maman attentive et patiente. « Je veux retourner vivre à …… »

J’aurais voulu pouvoir lui donner ce dessin, en guise de talisman, avec écrit dessus :
« quand tu sauras bien lire, tu réaliseras que Paris est tout petit »

Mais elles sont descendues avant que je n’ai pu finir.

 


Vendredi 11 Avril 2008, 17h30.

Fluides ...

… intarissables sous les aiguilles de G.
Entre rires et sanglots pendant presque 2 heures.

Deux idées récurrentes se répandent hors de moi, sonores et humides.

Et quand tout semble s’être finalement déversé, je me sens soulagé, lucide, épuisé mais déterminé.

 


Jeudi 10 Avril 2008.

Encore trop de peurs ...

Bientôt la treizième carte qui dit « tabula rasa ».
Elle est maintenant toute proche.

Il me faut me dépouiller de toutes ses appréhensions pour me préparer à cette petite mort à venir.

 


Mardi 8 Avril 2008.

L. m’échappe …
Echappée d’Elle.

Il semble qu’il n’y ait plus rien que je puisse faire …

 


Lundi 7 Avril 2008, 7h.

« Sometimes it snows in April … »

Il a neigé cette nuit, posant un duvet de coton sur mon tourment.

Un peu de répit.

Dans quelques heures, ce manteau aura fondu.
Mais au moins, cette nuit, j’ai pu dormir jusqu’au matin.

 


Dimanche 6 Avril 2008, 9h30, sur la ligne 13 du métro.

Un homme qui pleure.

Je me souviens aujourd’hui de cette femme inconnue que j’avais vue pleurer simplement devant moi sans comprendre …

Un quart d’heure plus tard, en attendant « Shifu » dans un café pour une journée « qi gong », la radio joue ironiquement, une fois encore, une vieille chanson de variété qui semble s’adresser à mon histoire.

 


Vendredi 4 Avril 2008, au soir.

Dissociation.

Ce jour, épuisé nerveusement après ce choc indicible, où mon corps, dans des mouvements sporadiques et incontrôlables, cherche malgré moi à trouver une prise dans l’espace qui se dérobe à lui.

Mon esprit, quant à lui, lucide et clairvoyant tente de laisser passer les mots à dire tout en ayant conscience avec détachement qu’il n’a plus vraiment d’influence sur son enveloppe désarticulé.

 


Mardi 1er Avril.

Déménagement …

Avec toute les questions que ça pourrait poser :
Changer de vie, s’agrandir un peu, vieillir un peu aussi …

Peut être un bon moment pour prendre un tournant, envisager un avenir autrement … … et changer de métier peut être ...

 


Samedi 22 Mars 2008, Auteuil.

Un homme penché.

Dans quelques mois, (sans ce croquis,) j’aurais sans doute oublié cet homme fantomatique qui arpente les rue du quartier, en traînant sa canne, avec sa démarche lente et fastidieuse qui semble défier les lois de la gravité.

 


Vendredi 21 Mars 2008.

Dessins de téléphone …

… en essayant (en vain) d’obtenir gain de cause auprès d’une compagnie d’assurance, après m’être fait voler mon appareil photo hier matin (entre l’heure de mon train et la fin de mon premier cours de la matinée …).

 


Dimanche 16 Mars 2008, Musée du quai Branly.

Cuillère « corne de buffle ».

Interpellé par l’élégance de cet objet, je n’étais pas sûr de pouvoir l’exprimer en commençant ce croquis.

 


Dimanche 2 Mars 2008, Brocotte.

Terre de famille.

Petite visite incontournable à mon cousin potier G. après être passé voir la tombe de mon grand père.

Je n’étais pas revenu depuis près de 4 ans.

Pour mon plus grand plaisir, il travaille toujours ses émaux comme un alchimiste.

J’ai du mal à définir mon sentiment à son égard qui n’est ni de l’envie, ni de l’admiration … … mais peut être quelque chose comme …
… une inspiration fraternelle et simple.

 

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